Nous n’avons jamais autant trouvé notre place et notre équilibre que depuis que nous sommes sur la route.
Pourtant les doutes, les remises en question, l’incertitude du lendemain nous accompagnent tous les jours.
Vivre et voyager en van, est épuisant. Nous sommes toujours en alerte, excités de découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles personnes mais aussi épuisés par le rythme. Chercher où dormir, penser de façon inconsciente ou consciente à ce que nos affaires et nous même soyons en sécurité, le chaud, le froid, les douches pas toujours agréables, les pannes…
Ce n’est pas de tout repos et pourtant ce n’est pas ce que nous retenons et ce n’est pas d’ailleurs ce que nous vous montrons toujours.
Parce que tout ça, ce n’est rien comparativement au bien que l’aventure nous procure !
Ça fait partie du jeu et nous avons compris les règles dès le début.
Partir, voyager, vivre en van… pour nous c’était prendre une grande bouffée d’air frais, se tourner vers le positif (essayer), se concentrer sur l’essentiel et apprendre à s’écouter, à vivre.
Dégouliner, se retrouver au milieu de rien avec le moteur qui fait des siennes, devoir faire ses besoins devant sa moitié, prendre une douche sur une plage devant des inconnus en plein hiver… Ce n’est rien ! Rien d’important et d’insurmontable !
Découvrir des lieux qui ne sont pas donnés à tous de voir, rencontrer des gens qui vous touchent au plus profond de vous juste par leurs regards, leurs gestes, apprendre d’une nouvelle culture, échanger quelques instants avec un inconnu sur un parking, plonger vos yeux dans ceux d’un animal qui pourrait vous tuer en un claquement de doigts, vous découvrir doucement, mais vraiment, et partager cela avec la personne que vous aimez : ça c’est tout ! Ça c’est important, incroyable et merveilleux !
Depuis Juin 2015, nous apprenons sur le sens que nous voulons donner à la vie, à nos vies.
Nous avons pris conscience qu’il n’y avait pas qu’une réalité, qu’une façon de vivre…
Combien de fois nous a-t-on dit :
« Quand est ce que vous retournez à la vraie vie ? » « Le retour à la réalité va être difficile ! »
Ces instants que nous vivons, cette vie que nous essayons de mettre en place est tout aussi réelle !
C’est notre réalité ! Celle dans laquelle nous sommes bien et surtout nous sommes nous, sans masque !
Sans ce masque que l’on porte tous dans une société qui nous impose des règles et des façons de penser pour exister et soi-disant être heureux.
Alors quand nous mettons notre vie en parenthèse, comprenez par là quitter notre petite maison sur roues « Popo » pour quelques mois, c’est un peu panique à bord !
Vous savez ce petit coup de déprime post vacances !
Vous êtes partis dans un endroit super pour décompresser, bronzer sur la plage et boire du jus de noix de coco et au bout d’une semaine, vous rentrez à Paris pour reprendre le boulot et bien sûr il fait gris…
Déprime assurée !
(Désolé pour les Parisiens, mais soyons honnêtes les jours d’ensoleillement sont moindre que dans le Sud, haha… )
Bien que vivre et voyager en van ne soit pas des vacances, c’est de sentiments similaires, voire peut être plus intenses après autant de temps sur la route, dont nous aimerions vous parler !
Et oui, ce n’est pas très fun, et pourtant ça fait partie de l’aventure aussi !
Nos émotions sont de vraies montagnes russes …
En Novembre 2016, alors que nous revenions d’un an et demi de vadrouille et presque 80.000km à travers le Canada et les USA, nous sommes rentrés en France quelques mois avec l’intention, entre autre, d’aller travailler l’été d’après en Espagne à bord de notre Combi Type 2 resté en France.
L’aventure qui n’était qu’un simple road trip en partant était devenue un véritable mode de vie et nous savions alors que nous reprendrions la route avec notre fidèle destrier « Popo », une fois nos affaires mises en ordre en France et le porte monnaie un peu re-rempli.
Après de longs mois loin de nos familles et proches, nous étions surexcités de revoir tout le monde.
Les premiers temps sont agréables, on voit du monde, on raconte nos péripéties, on mange du fromage, tout le monde veut vous voir et est content de vous voir.
Puis les jours passent, votre voyage perd un peu d’intérêt, on vous dit : « Ça y est vous êtes rentrés ! C’est fini les vacances ! Retour à la réalité ! Et maintenant que vous vous êtes bien amusés, qu’est ce que vous allez faire ? … »
Votre voyage vous a totalement transformé ou plutôt révélé et vous vous rendez compte que votre entourage lui n’a pas vraiment “évolué”. Comme si tout était resté figé !
Attention, rien de négatif dans nos propos, loin de là ! Mais juste la sensation d’être en décalage avec les autres. Les autres que vous aimez et comprenez mais avec lesquels vous n’avez plus la même vision des choses.
Chacun à son quotidien, ses problèmes, et vous vous sentez très éloignés de tout ça. Comme si vous étiez spectateur d’une pièce.
Les journées si différentes sur la route, toujours pleines de surprises bonnes ou mauvaises, sont alors bien loin et les jours recommencent à se ressembler.
La routine se réinstalle doucement mais sûrement, le masque réapparait.
Et tout ce que l’on a vécu, vu, semble alors presque disparaitre… Comme si tout ça n’avait été qu’un mirage.
Changement de rythme, perte de repère. L’ancien nous, l’ancienne vie refait surface…
On se réhabitue très vite à tout ça et en même temps, conscient qu’autre chose existe, qu’une autre réalité dans laquelle on s’épanouit est bien réelle, on entre alors en conflit avec soi même.
Perdu entre ses différents désirs et cette sensation de ne pouvoir être compris.
Compréhension que nous n’avons pu trouver qu’auprès de voyageurs à long terme finalement, rencontrés sur la route ou bizarrement sur les réseaux…
On a choisi de revenir, certes pour repartir, mais nous ne sommes jamais vraiment rentrés.
Les corps sont là, bien au chaud dans le confort que nos familles ont mis en place pour nous avec tant d’amour mais nos têtes sont sur la route !
Et oui, parce que nous avions tout vendu, nous sommes « rentrés chez nos parents ». Et à 30ans, en couple depuis presque 11ans, ce n’est pas forcément facile.
Nous n’étions que nous deux pendant des mois dans notre petit cocon, à changer de vue chaque matin et chaque soir, et d’un coup, nous devions composer avec nos familles et une vue identique chaque matin. Même la douche chaude était devenue trop chaude pour nous…
Dit comme ça, on pourrait passer pour des ingrats. Mais croyez nous, nous connaissons notre chance, (parce que là, on peut parler de chance) d’avoir une famille aimante, compréhensive et surtout heureuse de nous savoir heureux et qui acceptent nos choix.
Mais l’amour des proches ne suffit parfois pas pour se trouver soi, et se sédentariser n’est pas pour nous pour l’instant.
Un besoin d’ailleurs plus fort que tout, c’est tout !
L’attente du nouveau départ en devient presque insoutenable et les retrouvailles avec “le van de la liberté” (de soi) tellement désirées !
Puis on repart, on retrouve ce bout de métal monté sur roues qui fait partie de nous, de notre identité. Ce van qui symbolise tant de choses.
Vous trouverez ça ridicule mais le quitter et le retrouver nous tirent toujours quelques larmes, enfin surtout à moi, Joana.
La vie me semble si différente prés de lui.
Bien plus que des mots…
Moi qui tente de comprendre la vie, de me comprendre, avec ce van les choses prennent sens.
Étrange, on le sait bien, mais ça ne s’explique pas vraiment… Ça se ressent !
Et puis malgré tout, on culpabilise aussi… Ne pas être présent pour nos familles et amis, manquer des moments importants, les neveux et petits cousins grandissent et les parents et frères vieillissent…
Toujours ce conflit de sentiments, cette question de choix !
Parfois penser est un vrai calvaire, non ?!
Route66, Mexique, Amérique Centrale. Rencontres, Paysages, Souvenirs.
Après une nouvelle année sur la route et 45.000km de plus au compteur, nous avons décidé de prendre une petite « pause » pour mener à bien des projets que nous ne pouvions gérer en étant toujours en mouvement et essayer de pérenniser notre vie sur la route.
Et comme vous le savez c’est au Canada, au Québec plus précisément dans une Airstream en plein hiver que nous hibernons quelques mois depuis Septembre 2018.
Un environnement différent, atypique, et une pause « loin » de Popo une fois de plus voulue.
Le jour où nous avons changé de direction, quitté le Guatemala pour le Nord et non plus pour le Sud, a été un vrai combat intérieur entre coeur et raison.
Un choix !
Ces dernières semaines, nous tentons de jongler entre nos différents projets, balader et visiter la région de Québec et préparer notre van pour le prochain grand départ…
Un équilibre pas évident à gérer.
Le changement de rythme est définitivement quelque chose que nous n’arrivons toujours pas à contrôler lorsque nous quittons Popo.
Un quotidien, une routine se sont installés même ici, dans notre boite d’aluminium.
L’aventure est incroyable bien sûr, on s’en rend compte, mais il semblerait que nous soyons accrocs au mouvement. Un besoin d’être surpris en permanence et surtout d’être le plus souvent en extérieur.
Besoin de s’aérer, respirer, transpirer, découvrir, ressentir !
Regarder par la fenêtre ne suffit pas à moins que le paysage défile, l’horizon nous appelle.
Est ce la maladie des voyageurs ? Une insatiabilité de découvertes et d’expériences. Une rage de vivre et d’accumuler les instants.
Nous n’avons pas peur de demain mais peur de ce qui se passera ou plutôt ne se passera pas entre aujourd’hui et demain.
Le voyage nous a comme réveillé, ces pauses sont comme des arrêts sur image où le son continu de défiler.
Conscients que le temps file et ne nous attends pas.
Une sensation par moment de vivre à moitié le présent et d’attendre le futur, tout en pensant au passé.
Destructeur !
Si seulement la conscience pouvait être mise sur pause elle aussi…
Cela fait beaucoup de bien de vous lire… C’est vrai que certains sentiments ne peuvent être compris par nos proches… Heureusement, vous êtes entourés d’une nouvelle famille, celle des vanlifers.. ?
Il faut vivre comme on veut, faire ce qu’il nous plaît, on a qu’une vie ?
Oui difficile de comprendre quand on a pas vécu “la même expérience”. La famille de la route est plus à même c’est certain…
Au plaisir de se croiser et de partager nos aventures 🙂
Article qui me touche énormément, nous sommes sur la route depuis environ trois semaines pour visiter l’Europe (du nord surtout) en 8 mois, et je me reconnais déjà dans certains propos, le but n’est a la base pas d’en faire réellement une vie mais comme je ressentais parfois déjà ce décalage que tu décris avec les proches avant même cette expérience, j’ai peut que le retour a cette réalité “classique” soit éprouvant. Peut être le départ de nouveaux choix de vie a ce moment là… Pour l’instant profitons de chaque instants, rencontres et nouvelles vues par les fenêtre 😀
Merci de partager tout ça en tout cas ! Et bonne route avec Popo 😀
La route a tendance à nous révéler et à nous faire prendre conscience de beaucoup de choses, notamment de nous même et des choix que l’on veut pour nous et de la vie en général… Il faut dire que les longues distances donnent matière à réfléchir, on se perd (ou trouve) rapidement dans ses pensées 😉
Mais comme vous le dites, profitez de l’instant !
Vous devez vous régaler, il y a tant à découvrir en Europe.
Bonne route à vous !
Yesssss, Joana and Eric we so much recognize ourselves in this!! (Freek & Inge from Little Big Bus Adventure 😉 ) All these words are exactly how we feel at the moment! We are ‘back home’ for 3 months now after our 9 month journey through South America. The first moments were actually very nice, being reunited with family and friends, being back in our home town where everything feels so familiar, not worrying anymore where to shower and how to solve break downs. But at the same time it is all so weird, like if our journey never happened, like time was frozen and our journey was just one big dream. And slowly routine is sneaking into our lives since we started to work again and everything inside is screaming ‘this can not be real life!’. Last weekend we went on a little adventure with our van Epic Eddie and damn, a massive wave of homesickness to the adventures of the road came over us. We are trying to get back into this ‘normal real life’ but is seems impossible from time to time. How to deal with it? We haven’t figured out yet how to find our way in this….
But it is comforting to know that there are others out there that have the same feelings!
We imagine so well. We have followed your amazing adventure and the wheels of your little yellow van must miss the road.
Difficult after such an experience to follow a model that now seems not for oneself.
It was difficult for us too, but by chance, the traveling community is there to understand and listen. And new projects are a good way to keep feeling alive !
We really hope you find your balance Amigos.