Le Visa B2

On nous demande souvent comment nous faisons pour être sur la route si longtemps aux USA.

Et oui, car normalement les États-Unis n’autorisent que des voyages de 3 mois maximum, pour rester plus longtemps il faut donc un Visa B2. 

Qu’est-ce que c’est ? Quelle démarche faut-il faire ? Comment obtenir son B2 ? On vous dit tout ici !

Retour d’expérience sur ce Visa pour voyageurs au long cours en mal de Road Trip.

Lorsque vous prévoyez un voyage aux US, il n’y a pas grand chose à prévoir pour faire l’ESTA (l’autorisation électronique obligatoire à faire juste avant le départ). Une vraie formalité réglée la veille, voir même à l’aéroport pour les têtes en l’air…

Mais avec un ESTA en poche (à faire avant chaque voyage), on ne peut rester sur le territoire américain « que » 3 mois. Si c’est largement suffisant pour des vacances à New York ou Los Angeles, ça l’est moins pour qui prévoit un long road trip au pays de l’oncle Sam. Le territoire est tellement grand qu’il faudrait une vie entière pour en explorer les moindres recoins, on en sait quelque chose !

Il est possible de prolonger l’ESTA, mais là, ça se complique. La démarche n’est pas évidente. Il faut faire ça sur place, être capable de recevoir sa réponse à une adresse fixe aux USA (pas forcément évident quand on voyage, surtout quand on ne connait pas la date de réception), bref un vrai casse tête, avec un résultat incertain.

L’autre « technique », c’est de voyager un temps au Mexique ou au Canada et de revenir par une frontière terrestre aux USA (mais après 2-3jours ça ne marche jamais…). Le douanier trouvera ça suspect. Mais si vous pouvez prouver que vous avez l’argent nécessaire pour voyager, que vous avez un billet retour, l’assurance voyage en cas de pépin (non obligatoire mais très rassurante), et un itinéraire de 3 mois maximum de prévu, alors, peut être, et on dit bien peut être, qu’il vous autorisera à re-rentrer sur le territoire… C’est au bon vouloir du douanier ! En tout cas, ça ne marche pas à tous les coups et donc cela peut mettre en péril votre voyage. Mieux vaut donc ne pas compter là dessus !

Mais la vraie bonne solution, c’est quoi alors ?

Très peu connu (aux vues des nombreuses questions que l’on reçoit à ce sujet), il permet de rester aux États-Unis 6 mois par an pendant 10 ans. Ça, c’est en théorie ! Mais dans la pratique c’est un peu différent, et dans le bon sens (pour une fois…).

Grâce à ce sésame visa, plus besoin de faire l’ESTA avant le départ. Il s’agit d’un vrai visa apposé sur le passeport. Il ne permet pas de travailler, attention, il ne s’agit « QUE » d’un visa touristique !

Dans les faits, on peut en réalité passer plus de 6 mois par an, car c’est 6 mois qui sont donnés à chaque entrée sur le territoire, hormis si vous revenez d’un des deux pays limitrophes (donc par le Canada ou le Mexique). C’est une fois encore à l’appréciation du douanier (voir plus haut), et, on le répète, seulement après avoir passé un certain temps dans un de ces deux pays (1 bon mois au moins et encore…).

Pour être certain d’obtenir à nouveaux 6 mois, il faut donc aller plus loin que le Mexique par la route (par exemple lorsque nous sommes allés en Amérique Centrale lors de notre première tentative avortée de faire la panaméricaine, arrivés à la douane américaine, nous avons eu à nouveau 6 mois sans la moindre question), ou prendre un vol pour une excursion dans un autre pays (Cuba, Amérique Centrale ou du Sud,…) ou encore faire un aller-retour de quelques semaines en France. 

Alors oui, cette dernière solution n’est pas idéale non plus, mais pour notre part, il nous est arrivé parfois d’aller passer quelques semaines / mois dans l’hexagone (malheureusement une ou deux fois pas par choix), par exemple pour une naissance ou un autre événement important ou pour revoir nos familles pour les fêtes.

> Bref, la chose à retenir, c’est que vous aurez donc 6 mois de visa touristique à chaque entrée (hors « tour du poteau » au Canada ou au Mexique).

Maintenant forcément c’est la grande question. Pour faire faire un Visa B2, il faut s’y prendre à l’avance. Ce n’est pas comme l’ESTA qui est une simple autorisation. Qui dit visa, dit passage à l’ambassade Américaine à Paris. 

Pour ça, il faut commencer par remplir en ligne le formulaire DS-160, en complétant déjà tout un tas de lignes (numéro de passeport, etc…).

Il faudra ensuite vous acquitter directement du montant du visa soit 160$ (en 2022), non remboursable en cas d’annulation ou de refus.

Enfin, plusieurs dates de rendez-vous sont proposées à la fin de la démarche. Ils sont donnés en moyenne un mois après que la demande en ligne ait été faite. À noter qu’il faut un rendez-vous par personne de 14 à 79 ans, même pour la même famille…

Sur place vous pourrez grouper les rendez-vous, même si vous n’êtes pas mariés, afin que les demandes pour un même projet de voyage soient traitées ensemble.

A la fin de la démarche on vous donnera un code à ne pas perdre, il vous sera demandé à l’ambassade.

Une fois cette étape franchie, il ne reste donc plus qu’à réserver un billet de train pour Paris pour le jour J (ou un ticket de métro pour les Parisiens…).

Ce n’est pas parce que c’est un visa touristique que vous pouvez arriver en touriste à l’ambassade… Loin de là, vous vous ferez refouler sans nul doute…

Hormis la liste de documents imposés pour s’y rendre :

• Passeport valide
• Photo respectant les exigences pour un visa américain
• Confirmation de la soumission du Formulaire DS-160 + le code
• Justificatif de paiement des frais de visa
• Page de confirmation de l’entretien à l’ambassade

Que faut-il donc prévoir?

Ce qu’il faut garder en tête, et on y reviendra plus bas, c’est que si vous faites cette demande c’est que vous avez un projet de VOYAGE de plus de 3 mois. Sans cela, l’ambassade n’aura absolument aucun intérêt à vous octroyer ce visa… et oui forcément, il est fait pour ça…

Ce qu’il faut faire donc, c’est préparer un joli dossier qui comprend :

• Une lettre d’intention détaillée qui décrit le motif du voyage.
• Votre itinéraire prévu sur plus de 3 mois et de moins de 6 mois (même si il n’est pas précis, une carte google map avec les grandes étapes suffit).
• Un relevé de compte très récent, montrant vos économies disponibles pour ce voyage (pas de compte épargne, vous devez avoir accès à cet argent). Les économies doivent être d’au moins 2000€ par personne et par mois, car même si vous dépenserez certainement moins, cela comprend pour eux : les frais sur place mais aussi le prix des billets d’avion, etc… (le montant officiel demandé par les autorités américaines est de 266$ par jour, ce qui est énorme on vous l’accorde, mais en réalité pas appliqué).
• Une preuve de votre attache / vos liens avec la France : bail, un acte de propriété qui prouvent que vous reviendrez à la fin de votre séjour. Si vous quittez définitivement votre logement pour un trip de plusieurs années (panaméricaine, tour du monde,…), vous aurez peut-être encore votre logement au moment où.
• Une preuve que vous avez un travail en France qui vous attend à votre retour de voyage : contrat de travail, attestation de l’employeur, attestation de congé sabbatique, enregistrement auprès de l’Ursaff / chambre de commerce / etc… pour les travailleurs indépendants ou à leur compte. Bref vous avez compris l’idée, vous travaillez EN FRANCE ! A l’époque où nous avons fait ces visas (en 2015), le télétravail n’était pas répandu, mais on peut espérer qu’aujourd’hui télétravailler avec une entreprise Française ou Européenne, doit certainement être accepté sans problème.
• Si vous louez un / des logements, les quittances des loyers perçus chaque mois (du coup pas nécessaire d’avoir énormément d’économie au moment du départ mais au moins de quoi payer les billets et une enveloppe de quelques milliers d’euros en cas de pépins).
• Tous autres documents utiles à la compréhension du projet de voyage par la personne qui vous recevra à l’ambassade.

Tout ça pour quoi au final ? Tout simplement pour prouver :

• Que vous n’allez pas travailler aux USA !
• Que vous avez suffisamment d’argent de coté (ou qui tombe chaque mois) pour ce voyage.
• Que vous avez un projet de voyage de plus de 3 mois ET de moins de 6 mois.

Sans ces trois critères, n’espérez même pas avoir le sésame, inutile de commencer à faire la démarche pour un visa B2.

À votre arrivée, c’est un peu comme à l’aéroport : contrôle du passeport, du code et de votre heure de rendez-vous, portique de sécurité, fouille et tout le tralala. Attention, vous n’aurez pas votre téléphone par la suite. Il sera confisqué à l’entrée, donc ne gardez aucune information dont vous auriez besoin dessus… idem pour votre sac à dos, valise, vous n’aurez droit qu’aux documents nécessaires.

Ensuite, on vous donnera un ticket avec un numéro de passage, si vous êtes plusieurs sur le même projet de voyage, c’est le moment de le dire pour grouper votre passage devant la personne de l’ambassade.

Après quelques minutes d’attente (généralement les horaires sont bien respectées), on vous appelle. Ne vous attendez pas à arriver dans un grand bureau avec un drapeau américain, c’est plutôt un peu comme à la banque, ou la poste (en plus sécurisé).

Après les vérifications d’usage (passeport, etc…), et de vos antécédents de voyage aux Etats-Unis la première question (en français) est généralement : « pourquoi souhaitez-vous ce visa ? », « quel est le but de votre voyage ? »

C’est donc là, qu’il faut faire votre plus beau sourire et répondre clairement à la question. Pas besoin de vous étaler sur un long monologue, ce doit être clair, précis, et appuyé de vos précieux documents, la carte de votre itinéraire en haut de la pile : « Nous prévoyons un voyage de 6 mois aux Etats-Unis pour visiter ce grand pays. Nous avons établi un itinéraire dans ce laps de temps, et avons suffisamment d’économies / rentes pour cela, et bien fait le nécessaire par rapport à notre travail en France que nous retrouverons après notre grand voyage » (par exemple, à adapter au cas par cas, mais en gros c’est ça).

Ensuite, on vous en demandera certainement plus par rapport à vos économies, votre travail, etc… Il n’y a pas de questions pièges, il suffit de répondre. Si vous regroupez tous les critères, aucune raison de s’inquiéter. On vous prendra aussi vos empreintes et on gardera sûrement votre dossier si c’est nécessaire à leurs yeux.

À la fin de l’entretien, vous laisserez vos passeports, vous remercierez la gentil dame, ou le gentil monsieur, pour son accueil, et lui souhaiterez une très bonne journée (en fait, ça c’est normalement tout le temps qu’il faut le faire, pas seulement ici…)

Direction la sortie où vous récupérerez vos affaires et téléphone avant d’aller voir la tour Eiffel pour décompresser un peu. Et non, vous n’aurez pas la réponse tout de suite… Sauf si vraiment vous avez dit une grosse bêtise, que vous avez oublié un document important, ou que vous n’avez pas été assez clair, au point qu’un gros gros doute subsiste.

Gardez à l’esprit que c’est la personne que vous verrez sur place qui décidera ou non si votre dossier continu de faire son chemin jusqu’à l’obtention du visa. Car même si votre dossier est ensuite traité une deuxième fois pour être entièrement vérifié, c’est bien elle qui « fait le tri » dans les demandes et pose les questions essentielles.

Et bien non ! Vous aurez la réponse environ deux semaines après votre passage à l’ambassade à Paris. Votre passeport vous sera renvoyé avec votre visa collé à l’intérieur, ou pas, et avec une lettre qui vous confirmera donc ou non l’obtention de votre Visa.

En cas de refus vous n’aurez pas d’explications. C’est que vous avez forcément dit une boulette ou que votre dossier n’était pas assez sérieux (prenez du recul), mais sachez que vous pourrez toujours refaire une demande (et repayer du coup aussi).

Malheureusement, parfois, quel que soit le nombre de demande, il faudra que la situation personnelle, professionnelle et/ou financière change considérablement pour que l’ambassade revoit sa position.

Avant de partir pour un long voyage nous vous conseillons de lire cet article pour préparer votre départ et ne rien oublier.

Ce n’est pas parce que vous avez eu votre Visa B2 que ce précieux sésame va vous ouvrir toutes les portes. Une fois sur place, à l’aéroport (ou au port) aux USA (plus besoin de faire l’ESTA avant le départ), arrivé à la douane, vous n’échapperez pas aux mêmes questions après avoir montré directement votre visa. Au contraire… Même question qu’à l’ambassade, vous irez probablement dans une arrière salle avec un autre agent des douanes (pas de stress, c’est généralement le cas et c’est normal sinon votre cas serait trop long à traiter au comptoir). Bref, faites donc impérativement une copie de votre fameux dossier (vous savez celui de l’ambassade avec votre itinéraire et tout et tout…), avant de partir (et ne le mettez pas dans votre valise en soute, vous ne l’aurez pas encore récupéré…).

Cela permettra d’appuyer encore une fois le fait de voyager avec un Visa B2 car, oui, maintenant que vous l’avez, il faut prouver encore pourquoi ! C’est comme ça, l’agent des douanes n’était pas à votre rendez vous à Paris.

Bref pas d’inquiétude, ce n’est qu’une formalité, et même si il vous paraitra rude au premier abord, il se détendra et vous donnera peut être même vos premiers tips pour votre voyage, si il n’y a pas la queue derrière vous.

Un coup de tampon plus tard avec la date de sortie du territoire inscrite, vous voilà donc maintenant aux USA pour 6 mois maximum.

Enjoy, il y a tant à voir !